Mitsuru Tateishi & Vanessa Garner
Mitsuru Tateishi & Vanessa Garner




Echoes of Silence · Échos du silence
Première exposition commune de Mitsuru Tateishi et Vanessa Garner
Galerie Ritsch-Fisch, Strasbourg
Du 24 octobre au 22 novembre 2025
Vernissage le 23 octobre à 18h30
La Galerie Ritsch-Fisch présente Echoes of Silence · Échos du silence, une exposition qui met en dialogue le travail de Mitsuru Tateishi et celui de Vanessa Garner.
Vanessa Garner
D’origine franco-thaïlandaise, Vanessa Garner, née en 1993 à Strasbourg, a grandi en Alsace au sein d’un univers où se mêlent héritages spirituels, mémoire des gestes et dialogue entre cultures. Son œuvre, à la croisée du textile et de la sculpture, explore les liens entre matière, identité et sacré. Inspirée par les fuseaux de lavande découverts dans le Vaucluse lors de ses vacances en Provence, elle développe des formes hybrides les “Fuseaux-Mêlés” qui associent savoir-faire traditionnels, tissus traditionnels et réflexion contemporaine sur la transmission et la présence invisible.
Son travail s’inscrit dans une réflexion élargie sur les frontières entre l’art et l’artisanat, question héritée des débats du Fiber Art et du Process Art, apparus dans la seconde moitié du XXᵉ siècle, qui valorisent autant le geste créatif que les matériaux et les techniques traditionnelles.
Son approche dépasse la simple manipulation du matériau pour en faire le lieu d’une expérience plastique et sensorielle. Le textile devient volume : il se tend, s’enroule, se suspend, se déploie : il est à la fois mémoire du corps et dynamique du geste.
Les assemblages de bois, de tissus, de laine et de lavandin constituent des compositions qui articulent le plein et le vide, la densité et la transparence, la rigidité et la souplesse. Dans ces contrastes perceptifs, la dimension plastique se double d’une réflexion sur les polarités – art et artisanat, nature et culture, structure et fluidité.
La notion d’interaction prend ici une dimension centrale. L’espace n’est pas seulement le lieu de l’exposition : il est transformé en un environnement immersif. Le spectateur est invité à circuler, à sentir, à percevoir, parfois même à toucher. L’usage de matériaux organiques et odorants, tels que la fibre végétale ou le lavandin, active la mémoire sensorielle et confère à l’expérience un ancrage physique et émotionnel.
Puisant dans les traditions textiles d’Asie du Sud-Est, Vanessa Garner détourne les techniques ancestrales du tissage, du nouage ou de l’enveloppement, en leur conférant une portée symbolique et expressive. Le geste technique acquiert une dimension métaphorique : il lie, relie, enveloppe — autant de formes d’écriture du monde. Ce rapport entre geste et pensée inscrit l’artiste dans une démarche où l’acte de faire est indissociable du sens produit par la matière même.
En redonnant au textile une présence sculpturale et critique, elle questionne les hiérarchies entre arts dits « majeurs » et « mineurs ». Sa pratique s’inscrit dans la continuité d’un mouvement contemporain qui revalorise les pratiques hybrides, les matériaux souples et les processus manuels. Ses œuvres, oscillant entre installation et sculpture, instaurent des espaces de rencontre entre l’intime et le collectif, entre mémoire et résistance.
Loin d’être un simple vocabulaire formel, le travail de Vanessa Garner engage une réflexion sur la dimension politique et poétique de la matière. Ce qu’elle interroge, au fond, ce sont les identités culturelles hybrides, la mémoire sensorielle et les dynamiques de pouvoir à travers le matériau textile. Ces questions, d’une actualité brûlante, brillamment posées en ce meoment même par l’équipe du CEAAC et par la re-présentation du travail des Hackney Flashers. Ce collectif féministe londonien des années 1970 qui utilisait des formes artistiques engagées pour dénoncer les inégalités de genre, l’injustice sociale et les stéréotypes sexistes. À l’instar du projet Hope for Change, Vanessa Garner fait du textile un lieu de mémoire et de résistance, refusant les codes traditionnels de l’art pour privilégier un moyen de penser la relation entre l’humain et son environnement.
Mitsuru Tateishi
Né en 1962 à Tosu (Japon), Mitsuru Tateishi vit et travaille en France depuis les années 1980. Artiste autodidacte, il développe une œuvre abstraite où la paréidolie – cette capacité humaine à percevoir des formes familières dans des structures aléatoires – occupe une place centrale. Ses peintures et ses sculptures émergent de flux de matière instables, de réactions chimiques et de processus naturels qui engagent une réflexion sur le visible et l’invisible.
La pratique de Mitsuru Tateishi s’inscrit dans une dynamique où le geste et la matière s’élaborent dans un rapport de co-création. L’artiste met en tension la maîtrise technique et l’aléatoire, laissant la matière réagir selon ses propres lois physiques. Ce principe de peinture processuelle, mouvement apparu dans les années 1960, qui met l’accent sur le processus de création plutôt que sur le produit final.
Les phénomènes de condensation, d’oxydation ou de sédimentation interviennent comme des agents plastiques à part entière. Les pigments migrent, se marient ou s’opposent, créant des structures à la fois organiques et cosmiques. Ainsi se déploie une imagerie transversale où motifs végétaux, minéraux et célestes apparaissent sans jamais s’imposer. La matière ne se contente pas d’être support ou médium : elle est le sujet.
La tension entre hasard et contrôle structure le processus créatif de Mitsuru Tateishi. Ses gestes initiaux – coulures, dépôts, souffles, immersions – agissent comme des déclencheurs, mais l’artiste privilégie toujours le dialogue avec l’imprévisible. La surface picturale s’apparente alors à un champ énergétique : un lieu de phénomènes plutôt qu’une image figée. Cette conception fluide de la composition rejoint la pensée de l’art comme expérience du temps et du mouvement, dans une proximité avec les artistes pour qui la matière est partenaire d’action.
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Echoes of Silence · Échos du silence
First joint exhibition by Mitsuru Tateishi and Vanessa Garner
Galerie Ritsch-Fisch, Strasbourg
October 24 – November 22, 2025
Opening: October 23, 6:30 pm
The Galerie Ritsch-Fisch presents Echoes of Silence · Échos du silence, an exhibition that brings into dialogue the work of Mitsuru Tateishi and Vanessa Garner.
Vanessa Garner
Of Franco-Thai origin, Vanessa Garner, born in 1993 in Strasbourg, grew up in Alsace within a world where spiritual heritage, the memory of gestures, and cross-cultural dialogue intertwine. Her work, at the intersection of textile and sculpture, explores the relationships between material, identity, and the sacred. Inspired by the lavender wands she discovered in the Vaucluse during her holidays in Provence, she has developed hybrid forms — the “Fuseaux-Mêlés” — that combine traditional craftsmanship, ancestral fabrics, and a contemporary reflection on transmission and invisible presence.
Her practice extends a broader reflection on the boundaries between art and craft—an issue rooted in the debates of Fiber Art and Process Art that emerged in the latter half of the 20th century, valuing the creative act as much as the material and the technique itself.
Garner’s approach goes beyond the manipulation of matter to turn it into a site of sensory and plastic experience. The textile becomes sculptural: it stretches, coils, hangs, unfolds. It holds both the memory of the body and the dynamic of movement.
Assemblages of wood, fabric, wool, and lavender form compositions articulating fullness and emptiness, density and transparency, rigidity and softness. Within these perceptual contrasts, the plastic dimension intertwines with a reflection on polarities—art and craft, nature and culture, structure and fluidity.
Interaction plays a central role in her work. Space is not merely the site of exhibition; it becomes an immersive environment. The viewer is invited to move, to sense, to perceive, sometimes even to touch. The use of organic and aromatic materials such as plant fibers or lavender activates sensory memory, giving the experience both a physical and emotional resonance.
Drawing from Southeast Asian textile traditions, Vanessa Garner reinterprets ancestral techniques of weaving, knotting, and wrapping, endowing them with symbolic and expressive power. The technical gesture becomes metaphorical—it ties, binds, envelops—serving as a form of writing the world. This connection between gesture and thought situates the artist in a practice where making and meaning are inseparable.
By giving textile a sculptural and critical presence, she questions the hierarchies between so-called “major” and “minor” arts. Her work aligns with a contemporary movement that revalues hybrid practices, soft materials, and manual processes. Her pieces, oscillating between installation and sculpture, create spaces for encounter—between the intimate and the collective, memory and resistance.
Far from being a mere formal vocabulary, Vanessa Garner’s work engages a reflection on the political and poetic dimension of matter. At its core, her inquiry addresses hybrid cultural identities, sensory memory, and the dynamics of power embedded in textile materiality. These questions—of urgent relevance today—echo those recently brought to light by the CEAAC and the renewed presentation of The Hackney Flashers, the London-based feminist collective of the 1970s that used engaged artistic forms to denounce gender inequality, social injustice, and sexist stereotypes. Like their project Hope for Change, Vanessa Garner turns textile into a site of memory and resistance, rejecting the traditional codes of art to foreground the relationship between human beings and their environment.
Mitsuru Tateishi
Mitsuru Tateishi, born in 1962 in Tosu, Japan, has lived and worked in France since the 1980s. A self-taught artist, he develops an abstract body of work in which pareidolia—the human tendency to perceive familiar forms within random structures—plays a central role. His paintings and sculptures emerge from unstable material flows, chemical reactions, and natural processes that open a meditation on the visible and the invisible.
Tateishi’s practice unfolds through a dynamic interplay between gesture and matter, in a process of co-creation. The artist places technical mastery and chance in tension, allowing matter to react according to its own physical laws. This process-based approach echoes the Process Art movement of the 1960s, which emphasized creation as an unfolding act rather than a finished product.
Condensation, oxidation, and sedimentation function as full-fledged plastic agents. Pigments migrate, merge, or resist one another, creating structures that appear both organic and cosmic. Within this visual field, vegetal, mineral, and celestial motifs arise without ever dominating. Matter is not merely a support or medium—it is the subject itself.
The tension between chance and control structures Tateishi’s creative process. His initial gestures—pouring, depositing, blowing, immersing—act as catalysts, but he always favors dialogue with the unpredictable. The pictorial surface becomes an energetic field, a site of phenomena rather than a fixed image. This fluid conception of composition aligns with an understanding of art as an experience of time and movement, resonating with artists for whom matter is a partner in action.